La catastrophe en « je ». Violences de masse et pratiques diaristes au XXe siècle
24/01/2025 /14h30 - 16h30
« L’importance de la matérialité des écrits dans les situations extrêmes. Une perspective d’anthropologie de l’écriture » (Pawel Rodak)
La matérialité de l’écriture ne peut être analysée ni par les catégories structuralistes ni par les catégories herméneutiques, et cela vaut d’autant plus pour l’écriture dans des situations extrêmes telles que la prison, le goulag, le camp de concentration, le camp de l’extermination, le front et les tranchées, ou encore la ville occupée. La matérialité des écrits intéresse de nombreux chercheurs depuis un certain temps. Aujourd’hui, cependant, le temps est venu de franchir une nouvelle étape dans l’examen de la matérialité des documents et pratiques écrits, tels que les lettres ou les journaux intimes. Il s’agit de les « regarder » d’une manière totalement différente, de les examiner de plus près. En quoi consisterait ce nouveau regard ? Tout d’abord, en ne privilégiant pas l’approche textuelle par rapport aux autres. Les lettres ou les journaux intimes, surtout, y compris ceux écrits dans des situations extrêmes (dans un camp, dans le goulag, dans le ghetto, dans un bunker, dans une tranchée…), premièrement, ne doivent pas être analysés et interprétés uniquement à travers le processus de lecture ; deuxièmement, leur matérialité ne doit pas être « lue » comme un texte.