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Séminaire commun Eur’ORBEM

26/01/2023 /17h30 - 19h30

  • Vladislav Rjéoutski  (Institut historique allemand de Paris), présentation de l’ouvrage collectif  Laboratoire des concepts : traduction et langues politiques dans la Russie du XVIIIe siècle, sous la direction de Sergueï Polskoï et Vladislav Rjéoutski, Moscou, Novoe Literaturnoe Obozrenie, 2022.

L’étude de la traduction culturelle, des pratiques de traduction et de l’histoire sociale de la traduction ouvre de nouvelles perspectives à l’étude de l’histoire intellectuelle. Comment les différentes cultures ont-elles interagi dans l’échange d’idées et comment de nouvelles idées et pratiques, qui ont déterminé le développement de la culture russe à l’époque moderne, se sont-elles formées ?

L’objectif de ce livre est d’étudier le transfert, l’adaptation et la réception des principales idées politiques européennes dans la Russie du XVIIIe siècle. Nous considérons la traduction comme un « laboratoire » dans lequel les concepts acquièrent leur signification spécifique dans des contextes sociaux et politiques particuliers. Le livre se compose de trois blocs thématiques dans lesquels sont étudiés le transfert/la traduction de concepts politiques spécifiques (« despotisme », « État », « société », « prudence », « peuple », « nation », etc.) ; les pratiques de compréhension de la politique par le discours, comme le « discours médical » ou la « langue monarchique » ; et les pratiques de traduction de quelques textes importants et le rôle des traducteurs dans la création d’une nouvelle terminologie sociopolitique dans la langue russe.

Vladislav Rjéoutski, l’un des éditeurs scientifiques de ce livre, présentera les principales idées de ce livre pour ensuite se concentrer sur le contexte large de la traduction en Russie, notamment les possibilités offertes par l’approche statistique de la traduction.

 

  • Konstantin Morozov (CERCEC – EHESS), « Boris Savinkov : « écrivain talentueux de la terre russe » vs  « terroriste et politicien » ».

 

L’auteur part du principe que la vision négative qui a dominé la période soviétique concernant les idées et le travail de Boris V. Savinkov (V. Ropchine) doit être repensée. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus considérer Savinkov simplement comme l’un des écrivains décadents de l’âge d’argent ou comme un « diffamateur » de la révolution. Tant les contemporains que les historiens ont sous-estimé Savinkov en tant qu’écrivain, que Plekhanov a décrit à juste titre dans une lettre personnelle comme « l’écrivain talentueux de la terre russe », et ce qu’était « l’écriture » pour Savinkov.

Savinkov, à cause de son retrait forcé dans la révolution, ne s’est pas réalisé pleinement comme écrivain, et pas seulement dans le choix de ses sujets, consacrés principalement, d’une part, à la révolution et à la terreur, d’autre part – à la guerre mondiale et à la guerre civile.

 

On peut affirmer sans risque de se tromper que Savinkov, avec son écriture mosaïque, sa propension à la découverte de soi, son déni moral de ce qu’il a lui-même fait (et continue de faire), son désir d’aller au fond de l’homme et de son essence – n’aurait pas dû devenir un révolutionnaire, ni aspirer à des activités politiques et étatiques. Après tout, la sincérité de B. Savinkov est la sincérité innée d’un artiste qui s’efforce de refléter toutes les contradictions  de ce qu’il voit. La tragédie la plus profonde de Savinkov est que, dépourvu des qualités essentielles de ce que les politologues contemporains appellent les « animaux politiques » avec leur instinct du pouvoir et la fausseté, il a été forcé de devenir un homme politique. Il était bien conscient que son prochain opus littéraire provoquerait un scandale et porterait atteinte à sa réputation. Et si, lorsqu’il a écrit « Le Cheval pâle » et « Ce qui n’était pas », seule sa réputation de révolutionnaire et de membre du PSR en a souffert, alors par la publication du « Chevalier vorace », lui, figure de proue de la résistance antibolchevique, revendiquant le rôle  d’homme d’État, appelant à la « Troisième Russie », en août 1924, en admettant de fait le gouvernement soviétique il commit son suicide idéologique, politique et  réputationnel.

 

En conclusion, il apparaît que même sous le nom de V. Ropshin, Savinkov l’écrivain est bien plus important que Savinkov le révolutionnaire et Savinkov le politicien.

Boris Savinkov, qui aspirait à la lumière de la liberté et détestait l’arbitraire, en le combattant désespérément, mais qui lui-même s’embrouilla et confondit la lumière et les ténèbres, est un homme au destin tragique, bien qu’il  ait « gâché sa nécrologie » et « craché dans l’éternité ».  Ses « Mémoires » et « Ce qui n’était pas là » incitent encore les gens  à atteindre la lumière de la liberté…

 

Détails

Date :
26/01/2023
Heure :
17h30 - 19h30
Catégorie d’Évènement:

Organisateurs

Galina Kabakova (Sorbonne Université)
Małgorzata Smorag-Goldberg (Sorbonne Université)

Lieu

Centre d’études slaves – Salle conférences
9 rue Michelet
Paris, 75006 France
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