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14/02/2022 /15h00 - 17h00
Des vivants aux morts et des morts aux vivants
- Claire Delaunay (UMR Eur’Orbem, Sorbonne Université-CNRS)
Quand le corps mort interpelle les vivants. Revisiter la comparaison Tolstoï/Dostoïevski au prisme du cadavre
Si nombre de personnages trouvent la mort dans les œuvres des deux géants des lettres russes, que ce soit par la maladie, le meurtre ou le suicide, les cadavres n’y font pas nécessairement l’objet systématique d’une description ou d’un développement particulier. Cet exposé se propose d’examiner les cas où le corps du mort semble interpeler les vivants qui sont confrontés à sa vision, à l’intérieur de l’univers diégétique, et, par l’intermédiaire de ces personnages, le lecteur lui-même. À partir d’une sélection d’exemples notoires tirés d’œuvres de Tolstoï et Dostoïevski, il s’agira de mettre en lumière les fonctions dont le cadavre peut être investi dans le texte à différents niveaux. Une attention particulière sera accordée à l’analyse des procédés mobilisés par ces deux auteurs pour donner une représentation littéraire des cadavres et les différents dispositifs de médiation de cette représentation du corps mort déployés dans les œuvres citées. Il conviendra en outre de s’interroger sur ce que la façon de représenter le cadavre peut traduire du rapport des auteurs au corps et à la mort ainsi qu’à l’idée de résurrection.
- Serge Rolet (Université de Lille 3)
Eleazar de L. Andreev : Le cadavre de Lazare entre le jour de sa mort et celui de sa résurrection
Eleazar (publié en 1906) fait suite dans l’œuvre d’Andreev à un premier récit « biblique », Ben-Tovit, et précède un Iuda Iskariote. Dans Eleazar, Andreev s’attaque à la résurrection. Celui qui revient parmi les vivants n’est ni plus ni moins qu’un cadavre ; son retour est anecdotique, car au fond il reste « celui qui était mort ». La mort est indépassable, même Dieu n’y peut rien. La composition du texte est duale.
1. On trouve d’un côté un travail sur les bornes temporelles du récit évangélique. Dans l’évangile, il y a deux bornes, deux repères : la mort de Lazare et sa résurrection. L’intervalle est vide, inconsistant. Chez Andreev, ce sont les intervalles qui comptent. Il y a en deux : après la mort de Lazare, et après sa résurrection. En toute cohérence, ce deuxième intervalle est clos par un troisième repère : la seconde mort de Lazare. Au changement d’accent (des repères vers les intervalles, de l’instant vers la durée) et lié l’effacement de l’événement du récit (la résurrection). Chez Andreev, il n’y a pas de retour à la vie. Le séjour de Lazare dans la tombe fait de lui un cadavre jusqu’après la résurrection.
2. Le cadavre est horrible, mais la mort fascine. Le texte sort d’un fonctionnement proprement narratif pour glisser dans la répétition, le ressassement, et, quelquefois même, la litanie et l’incantation. Il y a dans ce texte que tout devrait rendre épouvantable un vrai chant de mort.
Modération : Leonid Livak (Université de Toronto – UMR Eur’Orbem, Sorbonne Université-CNRS)
La séance se dérouleraen hybride :
Zoom :
https://us02web.zoom.us/j/84689111735?pwd=ekpiMnJVV0FqM3ByaWVMSERpTldZZz09
ID de réunion : 846 8911 1735
Code secret : zqA6K8