par Luba Jurgenson et Atinati Mamamtsahvili
« Plus réelle que la réalité » selon la formule de Levinas, l’œuvre d’art contribue à la construction de la vérité des événements.
Des écrivains face à la persécution, au massacre de masse et au génocide se donne pour objectif d’interroger les écrits produits sous des régimes de terreur d’une part dans leur rapport à la réalité historique, d’autre part dans le sens où ils ouvrent l’espace d’un débat éthique. Ce n’est pourtant pas par sa capacité à porter un jugement qu’une oeuvre d’art affi rme son appartenance à une certaine littérature « engagée », mais surtout par son « dégagement », au sens où Levinas l’entend lorsqu’il parle d’un dégagement « en deçà ».
Au-delà de l’échantillon restreint de textes présentés dans ce recueil, celui-ci a pour objectif d’offrir une réflexion sur un espace littéraire qui, tout en revendiquant son autonomie, consubstantielle de la modernité dont les auteurs analysés sont des représentants, articule celle-ci à une présence agissante dans la Cité. Face à la persécution, les replis du texte littéraire peuvent offrir des cachettes pour une stratégie de défense. Mais le texte peut également devenir un lieu où s’exposer, voire se sacrifier, lorsque le projet artistique l’exige. Sans vouloir nécessairement séparer les deux démarches, ni les soumettre à un jugement, ce recueil donne à voir la complexité et la diversité des réponses littéraires à la terreur.