par Agnieszka Grudzinska et Kinga Siatkowska-Callebat
Quelle transmission de la dimension fondatrice de la Shoah ? Comment percevoir ses héritiers, témoins, réceptionneurs, personnes vivant dans une culture et un paysage chamboulés par la Shoah ? Quel rôle (mission ?) est-il confié à l’art en l’absence des témoins ?
Ce sont les questions que les chercheurs, les critiques d’art, les artistes se posent depuis la fin de la guerre. Est-ce que, à partir de 1989, où l’Histoire a fait tomber le mur de Berlin, les réponses ont changé ? Dans cette nouvelle Europe, la recherche et la production artistique concernant la mémoire de la Shoah sont-elles différentes en Pologne et en France ? La réflexion sur les frontières ambiguës et sur le statut générique poreux, mêlant les dimensions référentielle et non référentielle est bien avancée en Pologne ; de même, en France, on scrute le phénomène dilatoire des textes littéraires, le nouveau statut d’auteur et le dépassement des genres littéraires aristotéliciens.
Sans vouloir procéder à des clivages nationaux, qui paraissent vains dans une Europe recomposée, cette publication, conçue selon une optique transversale et comparatiste, montre comment les problématiques se rejoignent et se croisent. Cette démarche fait ressortir, au-delà des spécificités et des enjeux esthétiques propres à chaque culture, les similitudes dans l’interrogation sur le rapport entre histoire, mémoire et culture.
Le présent volume, issu du colloque franco-polonais qui s’est tenu en Sorbonne en 2015, regroupant les chercheurs et chercheuses les plus illustres des deux pays, ainsi que les artistes polonais de renommée internationale, rend compte de la fécondité scientifique et artistique des questionnements que suscite la représentation de la Shoah – questionnements éternellement problématiques appelant des réponses tout aussi incertaines.
Petra, 2022, 450 p.
ISBN 978-2-84743-282-4